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Elections américaines vues par Pap Ndiaye
Elections américaines vues par Pap Ndiaye
13 octobre 2008

Pourquoi l'avance d'Obama est irrattrapable

L'avance prise par Obama dans les sondages est-elle irrattrapable ? Autrement dit, au vu des données dont on dispose aujourd'hui, Obama est-il presque certain d'être élu ? A trois semaines de l'élection, compte tenu de l'expérience des élections précédentes, la réponse est nettement positive. Il peut naturellement survenir un événement exceptionnel et imprévisible, ou une erreur énorme de Obama, qui rebatte les cartes de l'élection, mais les jeux semblent bien faits aujourd'hui. McCain est trop loin d'Obama pour espérer remonter son handicap et l'emporter. En tout cas, le résultat de l'élection ne dépend plus de lui. Obama dispose aujourd'hui d'une moyenne de sept points d'avance dans les sondages. Or, depuis que les sondages présidentiels existent, c'est-à-dire 1936, seul un candidat a remonté un tel écart : Reagan en 1980. Lui aussi avait sept ou huit points de retard à trois semaines de l'élection, et il coiffa Carter sur le fil. Ce finish vainqueur s'est opéré aux dépends d'un président sortant empêtré dans des difficultés de politique étrangère.time_gallup Presque toujours donc, les sondages indiquent, à ce moment de la campagne, une avance, large ou étroite, pour le futur vainqueur. Certes, les statisticiens ont montré que le candidat en tête voit généralement son avance se réduire dans les derniers jours de la campagne, mais cette réduction n'affecte guère plus d'un quart de l'avance acquise. On peut donc estimer que l'avance d'Obama se réduira, mais pas plus de deux, voir trois points, et qu'il l'emportera avec environ quatre points d'avance. Selon la répartition des votes, cette avance peut se traduire en victoire large ou étroite : Obama peut l'emporter très largement en Californie et perdre de justesse en Virginie avec le même nombre de voix que s'il l'emportait moins largement dans le premier Etat et de justesse dans le second. Mais cette avance de quatre points, quelle que soit la répartition vraisemblable des votes, lui garantit une majorité de grands électeurs. Il faudrait donc, pour que McCain l'emporte, que des portions importantes de l'électorat bascule en sa faveur. Or, plus le temps passe, plus les choix des électeurs s'affermissent, et moins ils sont susceptibles de changer d'avis. Les débats ne changent rien à cela, pas plus que les arguments échangés par les candidats, qui tendent à affermir les choix déjà opérés. Le sort de la campagne n'est donc plus dans les mains de McCain, qui ne peut qu'espérer un faux-pas de son adversaire ou le débarquement des martiens. Cela explique l'apparence de bateau sans gouvernail que donne la campagne républicaine : des coups de barre incessants, des discours contradictoires, un mélange de fébrilité et de passivité que l'on n'avait pas connu, côté républicain, depuis 1996. La défaite qui se profile, les stratèges républicains la savent, la ruminent mezzo voce. McCain aussi, ou peut-être son inconscient : lorsqu'il explique (c'est tout à son honneur) à une foule républicaine en colère que Obama serait un président honorable et décent, cela ressemble fort à un "concession speech", le discours de félicitations au vainqueur que l'on tient dans la nuit lugubre de la défaite. Photo : George Gallup (1901-1984), l'inventeur des sondages politiques modernes, en couverture de "Time Magazine" en 1948.
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Commentaires
C
Les sondages sont une indication. Je fais aussi attention au Iowa electronic market dont l'indicateur répond plutôt à une question du genre: "qui croyez-vous va gagner?" Depuis la fameuse semaine du désastre pour McCain, l'indicateur est spectaculaire.
P
Bonjour,<br /> Comme je l'indiquais, il est presque certain que l'avance de Obama va se réduire d'ici à l'élection. On est peut-être dans ce processus de convergence. Il faut aussi tenir compte des variations conjoncturelles. Il faut regarder les tendances générales. On aura une idée plus claire à la fin de la semaine.
S
En reference a vos analyses et a la quasi certitude des media ici aux etats-unis, comment expliquert le leger recul d'Obama dans les sondages ce week-end? (18-19 oct)?<br /> soraya
Elections américaines vues par Pap Ndiaye
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