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Elections américaines vues par Pap Ndiaye
Elections américaines vues par Pap Ndiaye
26 septembre 2008

The Perfect Storm

Bonjour à tous ! Ce nouveau blog de L'Histoire vous propose un regard historien sur la campagne présidentielle américaine. Il ne s'agit pas vraiment de commenter au jour le jour les péripéties d'une campagne passionnante, mais de prendre un peu de recul historique, de la comparer à d'autres campagnes du passé, bref, d'essayer de comprendre ce qui se passe, d'en tirer des enseignements, et, pourquoi pas, d'en déduire le vainqueur probable (il faut bien prendre quelques risques !) A l'évidence, cette campagne a une tonalité particulière, au sens où, dans sa phase finale, elle se déroule dans un contexte de crise financière aiguë. Des grandes banques d'affaires ont fait faillite, des menaces graves pèsent sur l'ensemble du système financier international, bref, la situation est grave. Certes d'autres campagnes ont eu lieu dans un contexte économiquement déprimé (comme celle de 1992 ou celle de 1984), mais il faut remonter à 1932 pour avoir une superposition parfaite entre l'élection et une crise grave : "the perfect storm", la tempête parfaite…perfect_storm Bien sûr, en 1932, les Etats-Unis étaient plongés dans la Grande Dépression depuis trois ans, et il ne s'agissait plus seulement d'une crise financière (c'est comme cela qu'elle avait commencé, en octobre 1929) mais d'une crise économique et sociale qui plongea dans la pauvreté des dizaines de millions d'Américains. On n'en est pas là aujourd'hui, au sens où la crise financière vient de débuter, et où ses conséquences socioéconomiques, bien que déjà visibles, n'ont pas encore, loin s'en faut, l'ampleur de la Grande Dépression. Mais le point commun est qu'en 2008 comme en 1932, la crise est désormais au centre de l'élection, et il est probable qu'elle aura une conséquence décisive sur son résultat. Les questions de politique étrangère sont passées tout à fait au second plan, à tel point que le premier débat, en principe prévu vendredi, qui devait être consacré aux questions internationales, sera en bonne part occupé par la situation financière. Celui des deux candidats qui paraîtra le plus crédible et le plus à même de résoudre la crise posera ses valises dans le bureau ovale de la Maison Blanche, c'est aussi simple que ça. Justement, en 1932, l'élection opposait le sortant, Herbert Hoover, à son challenger démocrate Franklin Delano Roosevelt. Hoover avait déjà derrière lui trois ans de crise, et il était accusé de n'avoir pas agi fermement pour la juguler. L'ingénieur-président Hoover s'évertuait à répéter que "le pire est derrière nous" alors que le pays s'enfonçait dans la crise. Ses rares sorties étaient accueillies par des quolibets et des tomates pourries. On remarquera, au passage, que Bush ne sort plus de la Maison Blanche depuis quelques temps, tant sa crédibilité apparaît dévaluée. Il risquerait lui aussi d'être pris à partie. Mais il n'est pas candidat, et il peut donc faire profil bas. McCain est dans une position délicate : il n'est pas le président sortant, et n'a donc pas de comptes à rendre, mais il est du même bord politique que Bush, et il se trouve donc, nolens volens, associé à ce dernier, tout en faisant moult efforts pour s'en démarquer. En outre, l'économie n'est pas du tout son sujet de prédilection, comme il l'a répété candidement à plusieurs reprises. McCain a donc un gros problème de crédibilité sur le sujet du moment, un peu comme Hoover, qui était pourtant féru d'économie, mais qui exaspérait les Américains avec ses messages optimistes qui faisaient figure de provocation. Les électeurs votèrent pour Roosevelt, c'est-à-dire celui qui proposait le changement le plus net, un "new deal" prometteur quoique encore assez flou dans ses disposition pratiques. Obama est un peu dans une situation similaire à Roosevelt : il est plus crédible que son adversaire sur l'économie ; il propose le changement le plus net, même si on ne sait exactement ce qu'il fera ; il a toute latitude pour critiquer le bilan du président sortant.
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